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Lillith

  • Textile

Tapisserie (0,67 x 1,93cm / laine et coton / 2013) inaugurée à l’expo de fin d’année de l’ARBA ESA, au 144 rue du midi, les 21, 22 et 23 juin 2013.

Elle trône depuis dans le couloir de la Porte de Rose.

A propos de Lilith
Voici ce que j’ai retenu des diverses sources débattant de Lilith et de la création biblique de l’humanité.

La création de l’humanité
Dans le texte de la genèse, il y a un premier récit de la création où, le 7ème jour, Dieu crée l’être humain, sans précision de genre ou de nombre.
Puis, suit immédiatement une deuxième version, qui précise cette fois que du premier homme, Adam, fut tiré Eve, son épouse.
Certains rabbins furent tentés de combler cette ambiguïté par cette explication :
Au commencement, Dieu créa de la terre l’être humain, mâle et femelle : Adam et Lilith. Lilith, étant l’alter ego d’Adam, refusait de lui être subordonnée et se détourna de lui. Ève fut alors crée à partir de la côté d’Adam pour être son épouse dévouée.

La pomme et le serpent
Vient ensuite la scène de la tentation. L’arbre aux fruits interdits est qualifié dans la genèse « d’arbre de la connaissance », ses fruits donnent la conscience de soi et de sa condition mortelle et l’autonomie morale, c’est à dire la capacité de discerner soi-même le bien et le mal et d’agir en conséquence.
Ce serpent, qui la propose à Eve, est vu, dans nos cultures judéo-chrétiennes comme le perfide initiateur du fameux « péché originel ».
Mais dans de nombreuses cultures, le serpent est signe de sagesse.
Cependant, on peut considérer que d’une certaine manière, c’est précisément cet acte subversif, illicite qui sort l’humanité du lot du règne animal, en le dotant d’une culture.
En somme, le serpent est un peu un Prométhée, volant le feu divin pour le donner aux êtres humains et ainsi « éclairer leur lanterne ».

Lilith
Selon certaines versions, le serpent ne serait autre que Lilith.
Sur ce postulat, on pourrait alors considérer qu’il y a une rivalité entre Ève et Lilith et que cette dernière a poussé Ève à commettre ce forfait par malveillance.
D’ailleurs, la genèse précise que l’une et l’autre ainsi que leur descendance seront à jamais en conflit.
La féminité est dès lors fractionné en deux camps :
L’épouse docile et mère féconde versus la rebelle démoniaque infanticide ; la claire et la sombre.
Et en résumé, Lilith et Ève incarnent ensemble les deux seules catégories du féminin admises dans l’imaginaire patriarcal : la putain ou la mère.
Il est toujours plus facile de diviser pour régner. L’imaginaire collectif et les individus se forment mutuellement par écho. Modifier l’imaginaire, c’est donc potentiellement subversif.
Personnellement, je préfère donc voir dans le don de la pomme, un acte de solidarité et d’alliance féminine. Lilith permet à Eve de prendre conscience de sa condition.
Bon… vu la suite de l’histoire elle n’en a pas eu grand usage…

Conclusion
Dans ma mythologie personnelle, la pomme est le symbole du libre arbitre.
C’est aussi le fruit défendu, ce qui est subversif et ce qui est bon et dont on aurait tort de se priver.
Lilith est quant à elle, le symbole de la transgression des limites accordées par le patriarcat aux femmes.
En effet, dès qu’elle dépasse de sa condition d’épouse, elle sort de l’ « humanité » pour passer dans la « monstruosité » (une sorte de no-man’s land entre l’humanité et l’animalité).

D’une certaine manière, l’histoire de Lilith manifeste ces limites arbitraires et les questionne.
Une lecture de la bible au premier degré nous met en garde et nous soumet à quel point Lilith paie de ne s’être soumise aux injonctions divine et masculine. Mais une lecture plus distanciée, voire une réappropriation peut lui donner raison et plaisir.

Sources :